Le Saskatoon Climate Hub (Carrefour climatique de Saskatoon) a connu une année impressionnante. Après avoir été relancé en janvier dernier, le Hub s'est développé pour tenir des réunions régulières, organiser des événements, collaborer avec des organisations locales et participer à plusieurs événements de plaidoyer sur les affaires des conseils locaux.
De nombreux carrefours plaident pour que leurs conseils locaux agissent en faveur du climat. Le plaidoyer local peut prendre de nombreuses formes : manifestations, réunions avec les conseiller·ère·s, appels téléphoniques, rédaction de lettres, etc. Cependant, ceci est t plus facile à dire qu'à faire et partir de zéro peut être décourageant. Apprendre les meilleures façons d'impliquer vos voisin·e·s et les former à la participation à la défense des intérêts locaux demande du temps, des compétences et de l'expérience.
Nous avons parlé à l'un des membres principaux du Carrefour, Jory Vermette, de la récente campagne d'écriture de lettres du Carrefour et de l'importance de suivre ce qui se passe sur le climat au niveau local.
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Qu'est-ce qui vous a amené à vous intéresser à votre conseil municipal et aux décisions qu'il prend?
Fondamentalement, il s'agit de savoir quels changements peuvent être apportés de manière matérielle et tangible, des changements qui peuvent avoir des retombées efficaces et directs dans la mesure du possible. Saskatoon a connu une situation unique : la ville examine actuellement son budget pluriannuel (2 ans), et l'austérité et les coupes sont à l'ordre du jour. Nous avons ressenti le besoin d'intervenir et de protéger notre financement pour le climat et de nous adresser directement au conseil par le biais de réunions sur Zoom, de campagnes de lettres et de prises de parole lors des discussions budgétaires, afin d'au moins faire entendre notre voix. Pour montrer et représenter que le changement climatique est la question numéro un qui devrait être au centre des préoccupations des municipalités de toutes tailles à travers le pays.
Pourquoi avez-vous choisi les lettres comme moyen d'entrer en contact avec vos conseiller·ère·s?
Les lettres sont l'une des nombreuses actions que les militant·e·s et les organisateurs peuvent entreprendre. Personnellement, je pense que les lettres peuvent être la première étape pour impliquer politiquement nos voisin·e·s et les membres de la communauté, avec un engagement étonnamment faible mais avec des résultats démontrables (une fois que la mystification de la politique locale est balayée). Les lettres offrent à chacun·e la possibilité d'exprimer ses pensées, ses opinions, ses demandes et ses besoins à leurs élu·e·s, qui devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour plaider en faveur de l'action climatique qui s'impose. Les lettres nous offrent également la possibilité de nous réunir et de partager ce que nous pensons être un message puissant, comme nous avons essayé de le faire dans le cadre de notre atelier d'écriture.
Parlez-nous de l'événement de rédaction de lettres et du succès de la campagne que vous avez menée pendant l'été 2023 autour du budget municipal.
Je pense, étant donné que nous sommes un Hub relativement nouveau, que l'événement/atelier de rédaction a été un succès dans la mesure où il a amené de nouveaux visages et nous a permis de partager ce que nous pensions être une campagne municipale efficace. Nous avons essayé de rendre le processus de rédaction et de soumission des lettres aussi simple que possible, en fournissant des instructions et des modèles à tou·te·s celles et ceux qui souhaitent les partager. Cela a abouti au soutien de diverses organisations de la ville et à plus de 20 lettres soumises par des individu·e·s au conseil municipal sur la question. Cependant, il y a beaucoup à apprendre et à développer. Nous devons être clair·e·s sur le fait que pour la prochaine campagne, nous devons mobiliser plus de personnes, plus de lettres, plus d'orateur·rice·s lors des réunions du conseil municipal. Une vague de soutien est essentielle car, pour le meilleur ou pour le pire, l'argent est l'élément le plus important de la plupart des stratégies d'atténuation et d'adaptation au changement climatique. J'espère que les lettres, les discours et les actions que nous entreprendrons montreront que nous voulons que ces stratégies soient financées, étendues et rendues ambitieuses pour répondre aux besoins du moment.
Dans certains de vos conseils aux rédacteur·rice·s, vous avez encouragé l'ajout d'histoires personnelles ou d'anecdotes en rapport avec le sujet traité. Pourquoi pensez-vous que l'ajout de touches personnelles rend les lettres efficaces?
Je pense que nous avons tou·te·s été confronté·e·s aux divers courriels que nous recevons dans notre boîte de réception, nous demandant de signer des pétitions ou d'envoyer une lettre préétablie à un député fédéral ou provincial. Il s'agit là d'actions précieuses, mais elles peuvent ne pas comporter l'élément personnel nécessaire pour faire face à la crise climatique. Nous avons préconisé un message ou une histoire personnelle parce que nous pensons que le changement climatique nous a tou·e·s affecté·e·s à un degré ou à un autre. Qu'il s'agisse de la fumée des feux de forêt, de la chaleur intense et persistante, des inondations ou des incendies dans les communautés qui nous entourent et où vivent des personnes qui nous sont chères, il s'agit là d'exemples d'expériences personnelles qui nous ont touchés. Nous voulions également montrer au conseil que les gens interagissent avec les infrastructures, les programmes et les services liés à l'atténuation du changement climatique : qu'il s'agisse de transports en commun alternatifs, de nos espaces communs et publics ou d'énergies renouvelables. Enfin, le fait de partager son expérience personnelle a une plus grande résonance auprès des membres du conseil. L'enjeu est plus important lorsque, en tant que conseiller·ère, le·la citoyen·ne de votre quartier dit explicitement que la fumée des incendies de forêt a provoqué des crises d'asthme chez son enfant ou qu'il exprime sa frustration face au manque d'options de transport. La crise climatique peut souvent être décrite comme des calculs sur une feuille de calcul, mais l'élément principal de la crise est entièrement humain et nous devons l'exprimer.
Pourquoi pensez-vous que l'action climatique municipale, par opposition à l'action climatique provinciale ou fédérale, est importante?
Tout d'abord, je dirais que l'action à tous les niveaux est incroyablement importante - action et solidarité provinciales, fédérales et internationales. Toutefois, je suis personnellement partisan de commencer au niveau local, car pour la plupart d'entre nous, c'est là que nous travaillons, jouons, apprenons et vivons au quotidien. C'est là que l'on peut avoir l'impact le plus direct, en travaillant avec les membres de notre communauté, en établissant des relations avec elles et eux, et en travaillant ensemble pour obtenir de réels changements matériels. Je crois également que l'action locale et municipale nous donne l'occasion de construire de véritables communautés de résilience, des communautés qui peuvent résister à la tempête et où nous pouvons compter les un·e·s sur les autres dans les moments de besoin et d'action. L'action locale et municipale met le pouvoir entre vos mains, devant votre porte - elle réduit l'abstraction d'une crise mondiale réelle à des choses avec lesquelles vous pouvez interagir de manière tangible. Qu'il s'agisse de planter un arbre, de participer à un rassemblement, de prendre la parole en groupe lors des réunions du conseil municipal ou de se réunir pour élaborer une stratégie, nous pouvons voir ces changements se développer et évoluer au fur et à mesure que nous nous battons pour eux : un couvert végétal plus sain et plus robuste, la mise en œuvre de projets climatiques ambitieux ou la reconquête de nos espaces communs. Tout cela, les expériences tangibles, les relations que nous construisons et l'amélioration finale de nos communautés, commence au niveau local.
En quoi consiste la ville de vos rêves?
C'est une excellente question à laquelle il est très difficile de répondre. Je pourrais probablement me montrer poétique et écrire à l'infini sur ce sujet, mais je vais essayer d'être bref. Je pense que la ville de rêve serait une ville qui, avant tout, aurait réduit ses émissions à zéro, qui aurait cessé d'utiliser des combustibles fossiles et les aurait remplacés par des énergies et des productions renouvelables et durables. Où des espaces communs sont créés, revitalisés et entretenus, où les gens peuvent se procurer de la nourriture et de l'eau fraîches sans barrières économiques ou environnementales ou sans pénurie artificielle. Où il existe un droit au logement pour tous, fourni et construit en tenant compte du climat et de l'écologie, où le travail ne domine pas la vie mais en constitue une partie gratifiante et vivifiante, où nous pouvons être au sein de la nature sans la dominer. Où nous pouvons accéder à toutes ces choses librement et en toute sécurité; où personne n'est laissé pour compte, quels que soient sa race, son sexe, sa richesse ou ses croyances spirituelles. Où nous nous sommes réconciliés les un·e·s avec les autres pour construire un avenir ensemble. Quand je pense à une ville de rêve, je pense au potentiel que nous avons en tant que militant·e·s, organisateur·rice·s, guerrier·ère·s et défenseur·euse·s, et à la force et à la résilience que nous avons en travaillant collectivement et en solidarité.
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Jory est un activiste métis du climat et de l'environnement résidant à Saskatoon, en Saskatchewan, sur le territoire du Traité 6 et le territoire traditionnel de la Nation Métis.
Pour en savoir plus sur le Saskatoon Climate Hub, suivez ses médias sociaux sur Instagram (@saskatoonclimatehub) et sur Youtube (/@SaskatoonClimateHub). Regardez l'intervention de Jory sur le thème « De quoi s'inspirer pour écrire une lettre au conseil municipal » et impliquez-vous davantage en envoyant un courriel à saskatoonclimatehub@gmail.com.